Les arbres

Abraham le sapin

C’est toujours le plus grand et le plus vieux qui communique. Celui que j’ai nommé Abraham. Je patiente, j’écoute et j’entends : Je suis un pont entre le ciel et la terre. J’exprime la fluidité du lien qui relie le spirituel et le matériel, l’esprit et la matière. Je traîne une maladie chronique car je suis vieux.
Je suis difficile à vivre et je suis un têtu capricieux qui reste solitaire même accroché au milieu des miens. Cependant j’aime les parures, les bijoux que je pourrais porter avec dignité. Mais qui voudrait de ce grand fou ? avec des bras trop écartés dans son salon ? Ma place est ici, je me dois de veiller sur les plus « petits » et les protéger. Les jeunes sapins sont peureux car ils savent qu’ils ne vivent pas longtemps. (Référence aux fêtes de fin d’année).
Avec humour il me chuchote :
– J’aime la nuit, les lumières tamisées, les vieilles demeures… et les enterrements de première classe. (Référence aux cercueils en bois de sapin).
– Abraham ! je vous trouve sublime mais acariâtre !
– Oui, mais en même temps, j’aime qu’on me regarde, je donne peu, je suis un vieux ronchon, mais je garde toujours la foi et l’espérance car je suis un mystique comme toi. J’ai choisi de pleurer dans ce monde pour gagner- l’éternité et une place de choix dans l’autre.

Merci Abraham. Je vous aime.

Roméo le pommier

Nous les pommiers, nous sommes de petites tailles, nous sommes hauts comme trois pommes mais très agréable à regarder, Nous sommes des « ravissants ». Nous avons du charme, de la tendresse et de l’amour à vous donner. Nos fruits ne te font-ils pas penser à l’amour ? Je suis un grand sentimental, un sensuel, un érotique sage. Je peux me résigner à un mariage sans passion. C’est nous les arbres ! Nous sommes très généreux, poire parfois ! Je peux te donner ma chemise, enfin, te prêter mon écorce picorée par les parasites qui chatouillent.
– Moi le pommier, je vis au jour le jour sans penser au lendemain. Je suis un vieux philosophe maniéré qui a rajouté un zeste de philosophie dans « sa » vie. Ne me crois pas sot, je suis intelligent et réfléchi et j’ai le goût pour les sciences ! Ça te surprend ? tu le peux ! je sais compter mes fruits, faire la différence entre mes fruits qui vous nourriront, ceux qui finiront dans le bec des volailles ou bien pourriront, nous sommes des parfaits mathématiciens.
N’oublie pas que les pommiers, nous cherchons à satisfaire vos palais. Entre tartes dorées et du bon vin, ça me parait un bonheur promis ne crois-tu pas ?Les pommiers sont simples, généreux, un peu timide, et tampi pour les complications et les pépins.

Roméo, vous êtes sublime

Armand le peuplier

Jeune, je suis long et beau, même très beau mais je vieillis mal. Je m’affaisse, je me laisse aller, je me décourage. Le temps joue un grand rôle dans ma vie, il pèse lourd sur mes épaules. Heureusement, autour de moi les plus jeunes sont radieux et ont une bonne influence.

Nous avons choisi l’endroit où nous vivons même si ces lieux ne sont pas forcément favorables à notre épanouissement. Je peux mourir en ville, je peux mourir isolé, ce qu’il me faut c’est de la compagnie des miens. Nous sommes des arbres sensibles même si nous donnons l’impression de crâner. Moi, qui suis vieux, je souffre des moindres choses et mon écorce est sans cesse égratignée, je suis douleur cachée et finalement, je me complais dans mes problèmes que je garde pour moi. Je sais que je suis un pessimiste, c’est une maladie chronique pour moi : la vie est une fichue affaire ne crois tu pas ?

Comme toi, j’ai un coté bohème je pense à l’avenir dont je n’attends rien de bon. A quoi bon !! Cela n’empêchera pas que j’ai une intelligence subtile, comme tous les peupliers, qui ne vieillit pas. Je suis lucide, ma vie est et sera accidentée. Je suis heureux, les jeunes grandissent autour de moi et me font paraître plus “décoratif”.

Merci Armand, vous êtes courageux !
Marylka Valentin

Arpan le charme

On dit de nous, les charmes que nous avons une beauté froide. Que nous ne sommes que décoratifs mais magnifiques. Cela ne nous suffit pas ! Il nous manque de la chaleur.
Quand j’étais jeune, j’étais très très beau. Est-ce vrai ? Peut-être ! car en vieillissant je deviens sophistiqué, je suis un arbre qu’on respecte. Mon égo est prononcé, j’adore mon groupe d’arbres, dialoguer d’arbres à arbres c’est magique ! Nous parlons de beauté et de lignes. Personnellement, Je suis un classique, strict en moralité traditionnelle et je ne supporte pas les écarts de conduite.

Comment ? Mais tout passe par les branches, la sève et les racines, nous sommes loin d’être ignares. Jamais je ne sors du droit chemin, celui imposé et tracé par l’Univers depuis des générations bien pensantes.

L’amour est une chose grave, tout est lié dans l’amour, choisir entre l’amour et le devoir je choisirais le devoir car je suis intuitif, je dois réaliser pour donner aux arbres futurs le sens du sacrifice qui nous représente bien. Il ne faut pas croire que je ne réalise rien, je réalise de grandes choses et même parfois en rêve.

Merci mon beau Arpan
Marylka Valentin

Clovis le noyer

Nous sommes les plus beaux arbres, les plus raffinés et les plus précieux. Manquons-nous de naturel ? Faisons-nous des manières ? Nous sommes des grands timides certes, mais dangereux. Les autres arbres nous disent que nous sommes pleins de contradictions, capricieux et que nous avons un sale caractère. Mais pas que… Je reconnais que nous sommes quelquefois agressifs, égoïstes, cruels !! Mais nous savons aussi être généreux, larges d’idée et accueillants (référence aux meubles et cercueils!) Nous sommes un peu contradictoires loyaux/ malhonnêtes, lunatiques. Nous sommes comme vous les humains, nous compliquons les situations mais nous restons passionnés.

Une superstition humaine prétend que l’ombre du noyer est pernicieuse, notre ombre n’est pas de tout repos en tous les cas. Humains ne vous réfugiez pas dans nos “bras” si vous n’avez pas la force et le mental de résistance, car nous ferons de vous des esclaves.

Notre intelligence est universelle, nous sommes brillants, nous fascinons notre entourage, nous savons rester dans le silence et cela finit toujours par provoquer provoquer de la gêne. Nous les noyers, nous avons une destinée exceptionnelle, nous avons des tas d’amis, mais aussi des ennemis. Cela ne nous ennuie pas car nous ne fréquentons pas les sentiers battus.
Nous ne reculerons devant aucun moyen pour notre survie, 300 ans qu’en dis-tu? Ce n’est pas notre égo qui nous étouffe, je reconnais que les noyers sommes un « tantinet » sadiques.

Merci majestueux Clovis
Marylka Valentin

Eugène le chêne

Je sais que je suis beau et vigoureux, ma beaute n’a rien de fragile. Aucun de nous éprouve le besoin de protéger une femme chêne (on se comprend n’est-ce pas ?) encore moins chercher des noises à un chêne masculin (Il n’y a que toi et moi qui puissions comprendre). Solide, majestueux, je vis fièrement. Ma santé est excellente merci ! Je peux atteindre les mille ans, c’est une chance car je déteste la maladie, la vue du sang, (pardon de la sève) me bouleverse. Je suis fort, puissant mais aussi courageux et très orgueilleux, je ne cède jamais, mon attitude est intransigente. Je sais que je manque de souplesse dans les deux sens. Je ne supporte aucune contrainte. Très libéral je respecte la vie de chaque arbre mais je n’e n’aime pas les changements, bien que je puisse rendre service mais je ne suis guère généreux. Égocentrique, le malheur d’autrui me laisse indifférent.
Je suis un arbre lucide et intelligent, j’ai les pieds bien enracinés dans la terre et je ne suis pas dénué d’intuition. Des relents de magie rôde autour de moi ce qui n’est pas fait pour me déplaire. Pour terminer je suis un arbre bénéfique pour l’humain, j’ai la chance avec moi et je te la transmets. Tu retomberas toujours sur tes racines (tes pieds).

Merci Eugène, ce petit nom te va a ravir.
Marylka Valentin

Azar le saule

Je vais parler au nom du peuple des Saules car nous nous aimons et nous nous respectons. Nous sommes beaux mais tristes ou du moins en apparence. Nous avons quelque chose de langoureux, de lent, de vulnérable qui fait tout notre charme. Nous sommes des arbres mystérieux, plein d’arrière-pensées confuses que nous n’arrivons pas nous mêmes à démêler.
Nous les Saules, nous aimons la chaleur, les parfums subtils et le contact de l’eau. Nous profitons du moment présent et nous ne laissons rien échapper, aucune petite joie. Humains, Ne vous fiez pas à notre air doux, en réalité nous sommes décidés et braves, nous aimons notre liberté.
Nous les Saules sommes mélancoliques, nous sommes tous des grands poètes, nous aimons nous attendrir sur les feuilles d’automne qui tourbillonnent et les amours morts. Nous ne sommes pas des sentimentaux mais nous sommes très romantiques. Nous adorons les rochers muets, les grottes obscures et les forêts sombres. Quant au plaisir ! Nous en sommes avides à condition de le teinter de belles poésies. Comme toi, nous sommes des intuitifs,voyants et artistes et même, nous devinons les pensées des éléments de la Nature cela épate toujours notre entourage.
La vie du Saule est calme et paisible, faites-nous confiance, nous sortons de nos déboires toujours avec honneur. Savez vous que nous les arbres, tous les arbres avons beaucoup de joie mais aussi des déboires…

Merci Azar, vous êtes superbes.
Marylka Valentin

Owen le pin

Les arbres me trouve beau. Nous trouvent beaux. Ils disent que nous sommes plus décoratifs et raffinés que nos cousins les sapins. Cousins certes, mais très éloigné.
Nous les pins, nous savons nous mettre en valeur. Très doués pour la décoration nous aimons vivre dans « notre » maison que nous aimons. Nous avons besoin de nous retrouver dans un cadre agréable, ensoleillé, sans lui, nous ne saurions nous épanouir.

Moi, c’est Owen, je sais ce que je veux et je n’accepte pas la vie comme elle vient! je suis un combatif, il n’y a rien de passif en moi. (je parle au nom de tous les pins.) Je suis très courageux, je supporte l’adversité la tête haute et mon goût du risque (car je n’ai peur de rien) fait de moi un vrai guerrier .La chance est avec moi, avec nous.. Je ne me laisse pas abattre et je sais me sortir des mauvais pas. Je suis rapide et efficace.
Bien que nous sommes tous de nature amical et de bonne compagnie, il n’en n’est pas moins que nous sommes pas très généreux. Nous aimons notre confort. Oui, j’admets que nous sommes égoïstes. Le malheur des autres ne me frappe guère bien qu’il m’arrive d’y faire allusion dans une conversation mondaine. J’ai une véritable répulsion pour le sordide et je n’aime pas entendre parler de pauvreté.

Le talon d’Achille de nos écorces c’est l’amour. Nous sommes tous des passionnés, des enflammés et lorsque nous retrouvons notre lucidité il est trop tard nous avons commis l’irréparable en mettant notre vie en question. Nous sommes des amoureux impulsifs fous. Je vais te faire une confidence, nous avons un faible pour l’élément féminin. Chut ! nous avons une intelligence lucide et bien organisée. C’est une manière de philosophe qui mettrait sa philosophie en pratique. Nous faisons toujours les efforts necessaires pour arriver a nos fins et nous y arrivons quand l’amour ne vient pas détruire ce bel édifice. Mais nous arriverons toujours a sortir de nos déboires sentimentaux. Nous, les pins sommes des espèces de la lumière.

Merci Owen pour ta délicatesse.
Marylka Valentin